La double nationalité en Côte d’Ivoire

 La double nationalité en Côte d’Ivoire a longtemps été encadrée strictement par le Code de la nationalité de 1961, qui interdisait de manière générale la coexistence d’une autre nationalité pour les adultes. Cependant, ce cadre a été progressivement assoupli, notamment par la Loi n° 72-852 du 21 décembre 1972 qui a autorisé les mineurs détenteurs de plein droit d’une double nationalité à être reconnus Ivoiriens, sous réserve d’un décret présidentiel autorisant la déchéance de la qualité d’Ivoirien pour ceux possédant de plein droit plusieurs nationalités. La réforme de 2004 (Loi n° 2004-662 du 17 décembre 2004) et ses décrets d’application de 2005 ont élargi ce droit, visant à encourager les Ivoiriens de la diaspora à maintenir un lien formel avec leur pays d’origine. Aujourd’hui, l’article 49 du Code permet la double nationalité d’origine, notamment pour les personnes nées d’un parent ivoirien, sans qu’elle ne soit considérée comme volontaire pour l’adulte, évitant ainsi la déchéance automatique prévue par l’article 48 pour les acquisitions ultérieures . Cette ouverture a été saluée comme un facteur crucial d’attraction de l’investissement et du transfert de compétences de la diaspora, contribuant au développement économique national. Néanmoins, la double nationalité suscite des débats récurrents autour de la loyauté envers l’État, certains craignant une instrumentalisation politique des binationaux lors des scrutins électoraux, voire un risque de fraude identitaire ou électorale. Par ailleurs, elle interroge les notions d’appartenance et d’identité, dans un pays où la construction de l’“ivoirité” a déjà été source de tensions sociales et politiques. Enfin, la question de la gestion administrative et judiciaire des cas de double nationalité reste complexe, en raison du besoin de décrets spécifiques pour chaque situation de déchéance ou de renonciation, générant parfois lenteurs et incertitudes pour les intéressés. De plus, certaines protections accordées aux mineurs et aux personnes nées à l’étranger sont matérialisées par des décrets gouvernementaux de non-déchéance, garantissant qu’ils ne perdent pas leur qualité d’Ivoirien malgré l’acquisition d’une autre nationalité

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